La dimension sonore fait résonner les œuvres plastiques d’une présence humaine : « Le son est un contact, un geste qu’on se prend en pleine face. On est littéralement touché par une onde sonore », raconte le professeur et ingénieur du son, Daniel Deshays, dont les travaux et la lecture m’inspirent. Avec Agnès Mellon, nous créons des ponts entre arts visuels et sonores. Ainsi, le montage cut répond à la fragmentation des photos d’Agnès, l’obstruction sonore et le son spatialisé à sa façon de masquer une partie de ses œuvres pour inciter le public à chercher un autre point de vue ou à accepter de ne pas tout voir. De son côté, Agnès s’inspire des témoignages, des mots que je lui transmets pour imaginer des œuvres.
Diffusées au casque au milieu des œuvres visuelles, les créations sonores enveloppent le public dans une réalité dissociée, ce qui permet de voir différemment les œuvres exposées ou de créer des liens entre le récit sonore et la scénographie. Diffusées en son spatialisé, elles viennent, par leur réverbération, révéler l’architecture du lieu, sa profondeur de champ, attirant possiblement l’attention sur un espace dérobé.
La dimension sonore fait résonner les œuvres plastiques d’une présence humaine : « Le son est un contact, un geste qu’on se prend en pleine face. On est littéralement touché par une onde sonore », raconte le professeur et ingénieur du son, Daniel Deshays, dont les travaux et la lecture m’inspirent. Avec Agnès Mellon, nous créons des ponts entre arts visuels et sonores. Ainsi, le montage cut répond à la fragmentation des photos d’Agnès, l’obstruction sonore et le son spatialisé à sa façon de masquer une partie de ses œuvres pour inciter le public à chercher un autre point de vue ou à accepter de ne pas tout voir. De son côté, Agnès s’inspire des témoignages, des mots que je lui transmets pour imaginer des œuvres. Diffusées au casque au milieu des œuvres visuelles, les créations sonores enveloppent le public dans une réalité dissociée, ce qui permet de voir différemment les œuvres exposées ou de créer des liens entre le récit sonore et la scénographie. Diffusées en son spatialisé, elles viennent, par leur réverbération, révéler l’architecture du lieu, sa profondeur de champ, attirant possiblement l’attention sur un espace dérobé.
L’écriture documentaire. Les créations sonores réalisées à la Cabane Georgina en 2022 s’appuient sur l’enregistrement d’une trentaine de personnes concernées ou touchées par les troubles psychiques à l’occasion d’ateliers d’expression. Le montage cut crée des dialogues fictifs entre les personnes, assemble des histoires similaires ou au contraire témoigne de la diversité des réalités. Chaque création suit un motif : la famille, la parole, les souffrances mentales, les crises, vivre. L’ensemble construit une histoire commune des altérations mentales et de ses conséquences sur le quotidien des personnes.
Je me suis rendu compte qu’il manquait à ces montages une ligne narrative à même d’embarquer certains auditeurs. En 2023, j’ai donc créé une verticale au récit avec « Dans l’intervalle, tenir ». Écrite autour d’un échange de SMS entre deux sœurs, dont l’une a une schizophrénie, cette création sonore de 42 minutes propose une plongée dans la réalité de trois semaines de crise. Les horaires des SMS et l’égrenage des jours viennent rendre compte de l’envahissement de la maladie que ce soit dans la vie de la personne en souffrance ou de la personne qui l’accompagne.
« L’ensemble construit une histoire commune des altérations mentales et de ses conséquences sur le quotidien des personnes »
L’écriture musicale.
Les compositions musicales utilisées pour cette création sont celles d’Arthur C. Colombo, rencontré par l’intermédiaire d’un atelier d’expression. Il compose des paysages sonores qui correspondaient à mes in- tentions : une musique lancinante et répétitive, signifiant la présence insidieuse de la maladie et de sa dimension cyclique, mais aussi une sensation de pulsation comme une présence intermittente (hallucinations visuelles et auditives).
Je suis, en outre, tombée sur un titre singulier dans son œuvre : The Next gate. Dans la note d’intention du projet, nous parlons d’une porte qui s’ouvre sur une autre porte, et ainsi de suite. En tant que proche, nous aimerions, en effet, comprendre la personne en souffrance, nous aimerions entrer dans sa tête, tellement ce qu’elle vit est loin de notre propre réalité, tout en étant conscients que c’est impossible. Cela dit, chaque porte ouverte est un apprentissage, une façon de se rapprocher de l’autre, de progressivement arriver à se parler. Ainsi, ce titre était pour moi une évidence, tant dans le fond que dans la forme. Il était tout aussi évident que la création sonore allait se terminer avec elle, dans son intégralité, car la fin annonçait,en fait, le prochain épisode du projet : un portrait de Arthur C. Colombo, qui à travers son histoire avec la musique, nous parlera de bipolarité. Il s’agit de La lune s’est arrêtée.
Chrystèle Bazin, Marseille, 2023.
L’écriture documentaire. Les créations sonores réalisées à la Cabane Georgina en 2022 s’appuient sur l’enregistrement d’une trentaine de personnes concernées ou touchées par les troubles psychiques à l’occasion d’ateliers d’expression. Le montage cut crée des dialogues fictifs entre les personnes, assemble des histoires similaires ou au contraire témoigne de la diversité des réalités. Chaque création suit un motif : la famille, la parole, les souffrances mentales, les crises, vivre. L’ensemble construit une histoire commune des altérations mentales et de ses conséquences sur le quotidien des personnes.
Je me suis rendu compte qu’il manquait à ces montages une ligne narrative à même d’embarquer certains auditeurs. En 2023, j’ai donc créé une verticale au récit avec « Dans l’intervalle, tenir ». Écrite autour d’un échange de SMS entre deux sœurs, dont l’une a une schizophrénie, cette création sonore de 42 minutes propose une plongée dans la réalité de trois semaines de crise. Les horaires des SMS et l’égrenage des jours viennent rendre compte de l’envahissement de la maladie que ce soit dans la vie de la personne en souffrance ou de la personne qui l’accompagne.
« L’ensemble construit une histoire commune des altérations mentales et de ses conséquences sur le quotidien des personnes »
L’écriture musicale.
Les compositions musicales utilisées pour cette création sont celles d’Arthur C. Colombo, rencontré par l’intermédiaire d’un atelier d’expression. Il compose des paysages sonores qui correspondaient à mes in- tentions : une musique lancinante et répétitive, signifiant la présence insidieuse de la maladie et de sa dimension cyclique, mais aussi une sensation de pulsation comme une présence intermittente (hallucinations visuelles et auditives).
Je suis, en outre, tombée sur un titre singulier dans son œuvre : The Next gate. Dans la note d’intention du projet, nous parlons d’une porte qui s’ouvre sur une autre porte, et ainsi de suite. En tant que proche, nous aimerions, en effet, comprendre la personne en souffrance, nous aimerions entrer dans sa tête, tellement ce qu’elle vit est loin de notre propre réalité, tout en étant conscients que c’est impossible. Cela dit, chaque porte ouverte est un apprentissage, une façon de se rapprocher de l’autre, de progressivement arriver à se parler. Ainsi, ce titre était pour moi une évidence, tant dans le fond que dans la forme. Il était tout aussi évident que la création sonore allait se terminer avec elle, dans son intégralité, car la fin annonçait,en fait, le prochain épisode du projet : un portrait de Arthur C. Colombo, qui à travers son histoire avec la musique, nous parlera de bipolarité. Il s’agit de La lune s’est arrêtée.
Chrystèle Bazin, Marseille, 2023.