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CREATION EN COURS

La lune s’est arrêtée

Création Agnès Mellon et Chrystèle Bazin
Production E(QUI)VOQUE
Artistes associé·e·s Arthur C. Colombo, Barbara Perraud, Flory Brisset, Félix Truze, Lopty Sushi, H.D., Catherine Mellon.
L'exposition la Lune s’est arrêtée est un portait sensible de la différence, une traversée de vies à la fois intenses mais souvent empêchées.

En quelques mots

En quelques mots

Proposée par Agnès Mellon et Chrystèle Bazin, l’exposition La Lune s’est arrêtée est un portait sensible de la différence, une traversée de vies à la fois intenses mais souvent empêchées.

La Lune s’est arrêtée sera exposée au Couvent Levat, du 10 au 20 octobre 2024, à Marseille. La proposition artistique prendra la forme d’un dialogue entre arts visuels et arts sonores dans les deux chapelles du Couvent. Le projet a été amorcé en résidence artistique avec Jeune Création à la Cabane Georgina en 2022, suivie par une première étape d’exposition à la Galerie Zemma en 2023.

Note d'intention

Note d'intention

AGNÈS MELLON

On passait de longues soirées à discuter très tard dans la nuit et un soir, son ami nous dit : « Ça y est ! La lune s’est arrêtée…» Tu te souviens ? Il a ajouté quelque chose comme « Le monde est en pause… » Et le lendemain, ils sont partis.

Extrait de la création sonore en cours

La Lune s’est arrêtée suggère la bascule vers une réalité alternative à laquelle on se sent soudain étranger, une forme d’étrangeté source de poésie et d’ouverture mais aussi d’empêchements, des parcours empêchés mais aussi intenses qui caractérisent la vie quand on est trop différents des autres.

La Lune s’est arrêtée suggère la bascule vers une réalité alternative à laquelle on se sent soudain étranger, une forme d’étrangeté source de poésie et d’ouverture mais aussi d’empêchements, des parcours empêchés mais aussi intenses qui caractérisent la vie quand on est trop différents des autres.

L’exposition qui sera présentée au Couvent est l’aboutissement de trois ans d’imprégnations et d’échanges au contact de personnes vivant avec des altérations mentales et des troubles psychiques. Je m’imprègne, ainsi, des corps, des regards, des voix, des mots, des pensées, des histoires de vie de toutes ces personnes. D’un point de vue artistique, je poursuis une recherche autour du portrait, que je trouve trop souvent réduit à la représentation d’un visage. Comment faire le portrait de la différence, de l’étrangeté, de l’altérité ? Comment le corps ou les objets peuvent-ils faire portrait autrement ? Comment le détail d’une main peut dire autre chose d’une personne ? Comment le décalage du regard peut nous libérer des stéréotypes qui orientent notre jugement malgré nous ?

D’un point de vue artistique, je poursuis une recherche autour du portrait, que je trouve trop souvent réduit à la représentation d’un visage. Comment faire le portrait de la différence, de l’étrangeté, de l’altérité ? Comment le corps ou les objets peuvent-ils faire portrait autrement ? Comment le détail d’une main peut dire autre chose d’une personne ? Comment le décalage du regard peut nous libérer des stéréotypes qui orientent notre jugement
malgré nous ?

D’un point de vue artistique, je poursuis une recherche autour du portrait, que je trouve trop souvent réduit à la représentation d’un visage. Comment faire le portrait de la différence, de l’étrangeté, de l’altérité ? Comment le corps ou les objets peuvent-ils faire portrait autrement ? Comment le détail d’une main peut dire autre chose d’une personne ? Comment le décalage du regard peut nous libérer des stéréotypes qui orientent notre jugement
malgré nous ?

Ma recherche artistique s’ancre dans la créaton d’une atmosphère, d’une expérience sensible plutôt que dans des images figuratives et frontales. En somme, je voudrais travailler un portrait en creux, entre les lignes, perceptible dans le reflet des autres, dans les absences et les vides, dans ce qui n’est pas montré. En fait, plus j’avance dans mon travail, plus je suis convaincue qu’il ne faut pas tout voir. Quand on donne à voir toute la scène, on ne voit plus rien.

Avec ce projet, je continue mes expérimentations autour de la fragmentation, de la recomposition, de la déformation et de l’altération des images. Mêlant, à part égale, art photographique, arts plastiques et installations sonores ou vidéo, je cherche à plonger les visiteurs dans un monde à la fois étrange et familier. Des images qui s’entrelacent, qui se dédoublent pour signifier une agitation intérieure, des transferts de fragments photographiques sur des feuilles de plomb, du plexi ou des feuilles transparentes pour montrer sans dévoiler, pour faire émerger une réalité glissante, difficile à saisir. Des nuques et des fragments de corps pour ne pas donner de visage à la folie, mais au contraire permettre à chacun de s’y retrouver quelque part.

L’ensemble se veut immersif, mais aussi apaisant, propice à un moment privilégié d’introspection sur la différence et la façon dont on l’étiquette, sur nos peurs de l’autre et ce qu’elles viennent dire de notre propre vulnérabilité, de nos failles. Le projet invite ainsi à nuancer la séparation entre normalité et anormalité, et vient résonner avec une ligne qui m‘inspire depuis longtemps : l’ambiguïté.

L’écriture du projet se nourrit, enfin, d’allers-retours, de récits croisés entre les arts visuels et les créations sonores, entre l’imaginaire, la réalité et la fiction. Nous utilisons, avec Chrystèle Bazin, les ressorts de l’enquête et du jeu pour construire le parcours et la scénographie de l’exposition, pour détourner l’attention, la capter autrement. Par exemple, Chrystèle mène une sorte d’enquête musicale pour la création sonore, j’imagine une installation qui s’inspire de la marelle ou encore un lancer de dés pour initier le parcours dans l’exposition, suggérant la loterie et le hasard propres à la vie.

Créations sonores

Créations sonores

A 10 ans, Arthur découvrait Schools out d’Alice Cooper. Aujourd’hui, il est à la retraite et compose des paysages sonores, la tête courbée sur de tous petits synthés. La musique l’a accompagné toute sa vie, la maladie aussi. A l’époque, il a été diagnostiqué maniaco dépressif, aujourd’hui on dit bipolaire. Entre portrait sonore et enquête musicale, un témoignage sensible sur la vie et ses empêchements.

Note d'intention

CHRYSTELE BAZIN

Un portrait sonore…

Je ne veux pas faire un portrait d’Arthur, mais plutôt un portrait de la maladie à travers lui, de la façon dont elle agit sur la vie d’une personne. J’aimerais aussi que ce soit un portrait de nous tous, en tant que parents, proches, collègues, corps social face à la vulnérabilité. La vie d’Arthur ressemble à une succession de fulgurances avortées, à l’instar de ce disque sur lequel devait figurer The next Gate mais qui n’a jamais vu le jour. Est-ce la bipolarité et son hypersensibilité qui l’ont empêché d’aller au bout de ce projet ou bien est-ce plutôt le poids du regard normatif de son père ou encore tout simplement parce qu’il ne le trouvait pas assez bon ?

… mais aussi une enquête musicale

Le format qui fait son chemin dans ma tête est celui d’une enquête, d’autant que son nom, enfin son pseudo d’artiste, y invite fortement : Arthur C. Colombo. Il me raconte que lors de ses séjours en HP, on le surnommait Colombo parce qu’il résolvait les affaires de vols entre résidents, et comme il adore Arthur C. Clarke… A la manière d’une enquête, j’aimerais donc interviewer son entourage afin de croiser les regards sur son histoire.

Ensuite, la musique. Sa vie est ponctuée de références musicales, ce serait alors une enquête musicale. Je mène un travail de clarification musicale avec lui et je finis par établir une trame qui associe une période de sa vie à une musique et à une personne. La première période a investigué me semble évidente : 2003, l’enregistrement d’un disque / Gilbert Artman + The Next Gate, cette musique étant la jonction entre mon travail précédent et l’actuel. Après, j’envisage de remonter dans le temps, jusqu’à son enfance et à la fin, faire un saut pour retourner au présent.

Arthur pourrait s’insérer en contrepoint dans ce dispositif. J’interviewe une personne, puis je l’interviewe lui à propos de ce que celle-ci m’a confié. Il obtient, ainsi un droit de réponse et j’évite un récit trop linéaire. Je peux, en outre, approfondir certains propos et faire ressurgir des éléments auxquels il ne s’attend peut-être pas. Je tiens aussi à la dimension itérative du projet, on avance pas à pas, en explorant des pistes comme dans une enquête.

Note d'intention

CHRYSTELE BAZIN

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