
La lune s’est arrêtée
En quelques mots
En quelques mots

Réalisée par Agnès Mellon et Chrystèle Bazin, l’exposition La Lune s’est arrêtée, créée au Couvent Levat en octobre 2024, à Marseille, est un portait sensible d’Arthur C. Colombo, un musicien marseillais qui vit depuis 45 ans avec une bipolarité.
L’exposition se présente comme une seule installation visuelle et sonore dans laquelle le public déambule dans une semi-obs- curité. La création sonore spatialisée et l’éclairage intimiste des œuvres incitent le public à arpenter l’espace pour découvrir de nouveaux points de vue et d’écoute. Durée totale d’écoute : 80 min, hors médiation culturelle par les pairs.
SUJETS
troubles psychiques et empêchement, enfermement et médicaments, relation avec les proches et rapport au travail.
Expositions
La scénographie de l'exposition est chaque fois repensée en fonction du lieu.
La Lune s'est arrêtée a été créée au Couvent Levat en 2024 et exposée dans la Chapelle noire (102 m2, 10m de hauteur sous plafond) en parallèle de Réalité(s) qui était installée dans la Chapelle blanche (70m2) . Les deux chapelles communiquent. Date d'exposition : du 10 au 20 octobre 2024


Vue d’ensemble et détails de l’exposition LA LUNE S’EST ARRÊTÉE. Installation au Couvet Levat à Marseille, 2024. Photos Agnès Mellon.



Créations sonores
La lune s'est arrêtée
A 10 ans, Arthur découvrait Schools out d’Alice Cooper. Aujourd’hui, il est à la retraite et compose des paysages sonores, la tête courbée sur de tous petits synthés. La musique l’a accompagné toute sa vie, la maladie aussi. A l’époque, il a été diagnostiqué maniaco-dépressif, aujourd’hui on dit bipolaire. Entre portrait sonore et enquête musicale, un témoignage sensible sur la vie et ses empêchements.
Réalisation : Chrystèle Bazin, Musique : Arthur C. Colombo, (70 minutes, 2024).
La création comporte huit séquences : La lune s’est arrêtée / Up tempo, down tempo / Nuit fauve / Welcome to the Dissident / Birdy / A la folie, mais à petites doses / Coup de lune / Les intranquilles. Installation spatialisée. Crédits musique spécifiques : Tawny night, François Bayle ; Dawn of a New Day, Arthur C. Colombo et Yvan Enio ; Welcome to the Dissidents, Martin Dupont.

Événements connexes




Rencontres / Tables rondes :
- Se rétablir plutôt que guérir
- Dispositifs innovants en santé mentale
- Accompagnement par les pairs
- Art dedans, art dehors
- L’activité aide-t-elle à se rétablir ?
Intervenant·es : Jean-François Dupont (CoFor), Aurélie Tinland, psychiatre (APHM), Fabio Fioramanti, psychologue. Emma Beetlestone, psychiatre (Ulice, Leaf), Clotilde Masson (Projet SIIS), Camille Grégoire (Odamars), Umberto Cao (Lieu de répit), Anita Lindskog, proche aidante, Yves Bancelin (Esper Pro), Agnès Mellon, artiste et proche aidante, Jasmine Lebert (3bisf), Julie Fuchs, photographe, Philippine Clermontel et Valentine Plessis (Clubhouse), Sara Niche (En passant par les calanques), Marion Azaud (Hôpital Valvert) et Laurence Vaillant (Edouard Toulouse).
Bibliothèque vivante avec le CoFor. Dans une bibliothèque vivante, les livres ne sont pas en papier, mais en chair et en os. Des « lecteur·ices » (c’est-à-dire vous) peuvent emprunter ces livres vivants, pour une durée de 20 minutes. Prenez part à ce moment d’échange privilégié autour de témoignages écrits lors des ateliers d’écriture du CoFor.
Intervention l’Art à la folie, animée par Christèle Juilien (Esper pro), médiatrice en santé pair. Elle s’appuie sur des artistes célèbres pour décrypter les troubles psychiques et s’interroger sur certaines idées reçues.
Médiation culturelle par les pairs avec Anouck Ferriol et Valentine Plessis
Lectures musicales et concert d’Arthur C. Colombo & FMR(Z)
Diagnostic citoyen : Créer un espace collectif pour co-construire un diagnostic citoyen sensible sur la santé mentale à partir de récits de vie et expériences vécues de tous les publics concernés par le sujet, à travers une démarche artistique et sociale participative.
Note d'intention arts visuels
Note d'intention arts visuels
AGNÈS MELLON
La Lune s’est arrêtée suggère la bascule vers une réalité alternative à laquelle on se sent soudain étranger, une forme d’étrangeté source de poésie et d’ouverture mais aussi d’empêchements, des parcours empêchés mais aussi intenses qui caractérisent la vie quand on vit avec des troubles psychiques.
La Lune s’est arrêtée suggère la bascule vers une réalité alternative à laquelle on se sent soudain étranger, une forme d’étrangeté source de poésie et d’ouverture mais aussi d’empêchements, des parcours empêchés mais aussi intenses qui caractérisent la vie quand on vit avec des troubles psychiques.

Avec ce projet, créé en 2024 au Couvent Levat à Marseille (résidence de création + exposition), je poursuis une recherche autour du portrait, que je trouve trop souvent réduit à la représentation d’un visage. Comment faire le portrait de la différence, de l’étrangeté, de l’altérité ? Comment le corps ou les objets peuvent-ils faire portrait autrement ? Comment le détail d’une main peut dire autre chose d’une personne ? Comment le décalage du regard peut nous libérer des stéréotypes qui orientent notre jugement malgré nous ?
Ma recherche artistique s’ancre dans la créaton d’une expérience sensible plutôt que dans des images figuratives et frontales. En somme, je travaille un portrait en creux, entre les lignes, perceptible dans le reflet des autres, dans les absences et les vides, dans ce qui n’est pas montré. En fait, plus j’avance dans mon travail, plus je suis convaincue qu’il ne faut pas tout voir. Quand on donne à voir toute la scène, on ne voit plus rien.
Ma recherche artistique s’ancre dans la créaton d’une expérience sensible plutôt que dans des images figuratives et frontales. En somme, je travaille un portrait en creux, entre les lignes, perceptible dans le reflet des autres, dans les absences et les vides, dans ce qui n’est pas montré. En fait, plus j’avance dans mon travail, plus je suis convaincue qu’il ne faut pas tout voir. Quand on donne à voir toute la scène, on ne voit plus rien.


L’ensemble se veut immersif, mais aussi apaisant, propice à un moment privilégié d’introspection sur la différence et la façon dont on l’étiquette, sur nos peurs de l’autre et ce qu’elles viennent dire de notre propre vulnérabilité, de nos failles. Les œuvres produites invitent ainsi à nuancer la séparation entre normalité et anormalité, et résonnent avec une ligne qui m‘inspire depuis longtemps : l’ambiguïté comme source interprétations divergentes, de changements de perspectives, de remises en cause.

D’un point de vue scénographique, le public est plongé dans une salle noire, guidé par quelques points de lumière qui ponctuent l’espace. L’ensemble produit une forme enveloppante, théâtrale, comme si le public évoluait sur une scène, dans une scène. Je m’appuie sur les matériaux et mobiliers existants dans le lieu pour créer les installations visuelles et le parcours.

Agnès Mellon, Marseille, 2024.
Note d'intention création sonore
Note d'intention création sonore
CHRYSTELE BAZIN
Un portrait sonore…
La vie d’Arthur C. Colombo, alias Christian Giudicelli, ressemble à une succession de fulgurances avortées, à l’instar de ce disque qu’il a commencé à enregistrer à Paris mais qui n’a jamais vu le jour. Est-ce la bipolarité et son hypersensibilité qui l’ont empêché d’aller au bout de ce projet ou bien est-ce aussi le poids du regard normatif de son père ?
J’ai rencontré Christian Giudicelli lors de l’exposition RÉALITÉ(S) créée avec Agnès Mellon à la Galerie Zemma en juin 2023. J’ai utilisé certaines de ses compositions musicales dans ma création sonore « Dans l’intervalle, tenir », diffusée pendant cette exposition. Il est devenu un habitué de l’exposition et il a fini par me proposer d’être le sujet de ma prochaine création.
Je ne voulais pas faire son portrait, mais plutôt un portrait de la maladie à travers lui, de la façon dont elle agit sur la vie d’une personne. Je voulais aussi que ce soit un portrait de nous tous, en tant que parents, proches, collègues, corps social face à la vulnérabilité.
… mais aussi une enquête musicale
Le format est celui d’une enquête en huit séquences, une enquête musicale, car sa vie est ponctuée de références musicales et la musique est indissociable de sa vie. Il habite littéralement dans un studio, une seule pièce dans lequel son lit jouxte une myriade de synthés, de tables de mixages, d’ordinateurs, etc. Pour cette création, j’ai sélectionné une vingtaine de titres d’Arthur C. Colombo, essentiellement des musiques qu’il a créées entre les années 1980 et 2000.

A la manière d’une enquête, je croise les regards sur son histoire : l’enregistrement d’un album avec Gilbert Artman (Urban Sax), la genèse des Martin Dupont, groupe de New Age marseillais, la composition avec des synthés modulaires, sa collaboration avec le GMEM, mais aussi les prémices de la maladie avec les témoignages de sa mère et de sa sœur, ses errances amoureuses, etc.
On passait de longues soirées à discuter très tard dans la nuit et un soir, son ami nous dit : « Ça y est ! La lune s’est arrêtée…» Tu te souviens ? Il a ajouté quelque chose comme « Le monde est en pause… » Et le lendemain, ils sont partis.
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Extrait de la création sonore
En termes de dispositif, je rencontre une personne de son entourage, puis je l’interviewe à propos de ce qui m’a été confié. Il obtient, ainsi un droit de réponse et j’évite un récit trop linéaire.
La mise en son de cette création se compose de trois strates qui communiquent ensemble : un SAS dans lequel je ne diffuse que la musique d’Arhur C. Colombo, une installation sonore en face à face, d’un côté l’espace de Christian et de l’autre côté l’assemblée des témoins, et enfin un mixage des voix que l’on peut écouter via des casques semi-ou- verts qui permettent d’entendre parfaitement les témoignages tout en captant la musique de façon étouffé.
Chrystèle Bazin, Marseille, 2024
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